Savez-vous planter l’ortie ?


Début novembre au lycée agricole de Naves, c’était le chantier : repiquage de… l’ortie !

C’était un mardi après-midi, la planteuse venait d’arriver, et les apprentis CAPa MA du lycée de Brive-Voûtezac adaptaient la machine au tracteur avec leur formateur en agroéquipement.

Pendant ce temps, avec leur professeur de biologie, les élèves de 2de pro CEC cherchaient les rhizomes d’ortie près des tunnels. Equipés de gants, ils ont récolté plus de 1000 tronçons de 15 cm.

Les deux groupes se sont retrouvés sur la parcelle fraîchement hersée par les techniciens de la ferme, Stéphane et Sébastien. Chez les élèves, c’était la bataille pour savoir qui occuperait les 4 sièges de la planteuse. Le formateur d’agroéquipement montrait comment disposer les rhizomes dans les pinces, et s’organiser pour ne pas être débordé.

Quand tout le monde a été prêt, un apprenti a démarré le tracteur. Après quelques mètres, on a constaté que les rhizomes sortaient le bout du nez, plantés comme des poireaux. Il fallait réduire l’écartement des disques qui rabattaient la terre et hop ! C’était reparti jusqu’au bout du rang. Cette fois-ci la terre était bien ré-appuyée.

On est vite arrivé au bout du stock de rhizomes, et c’était l’heure de ranger le matériel pour rentrer au lycée. Sur les 600 m² prévus, 150 m² ont été mis en place : objectif atteint et dépassé pour la journée.

Puis, jeudi, ce fut au tour des 2de GT, et des 3e, de participer à ce grand chantier.
Avec la pluie, le tracteur n’entrait plus dans la parcelle. C’est donc équipés d’un cordeau, deux tranches et toute leur vaillance, que les élèves de 3e ont repiqué à la main ce que les 2de GT avaient récolté le matin-même. En trois jours, toute la surface a été couverte.

Ce chantier a suscité des interrogations. Pour quoi faire de l’ortie, quand ailleurs, on veut s’en débarrasser ? Pour répondre, il faut se rappeler que les anciens en faisaient de nombreux usages : dans la baccade* pour nourrir les cochons, enterrée au pied des tomates pour les engraisser, pulvérisée en purin pour lutter contre les pucerons… Les feuilles coupées sont mangées par les chevaux et les vaches, et sont même réputées donner un poil brillant. D’après certains écrits, l’ortie récoltée au bon stade contiendrait plus de protéines que la luzerne. C’est ce qu’on aimerait vérifier.SORTIE17-11-2016

Ce chantier fait partie du projet SORTIE, financé par le Ministère de l’agriculture pour favoriser la transition agroécologique dans les exploitations de lycée agricole.
Le but est de déterminer si l’ortie peut participer à l’autonomie protéique des exploitations d’élevage. Les lycées de Brive-Voûtezac et Fayl Billot (Haute-Marne) vont produire des plants d’ortie, et les lycées de Naves, Bressuire (Deux-Sèvres) et Chaumont (Haute-Marne) vont la cultiver, la récolter en fourrage et l’introduire dans les rations de leurs animaux.

Sinon, on pourra toujours la manger en soupe !

Auteur : Noémie Ouvrard, chef de projet Agriculture Biologique
*baccade : bouillie donnée aux cochons, souvent à base de pommes de terre et de céréales.